Ce que vous devez savoir sur l’arrimage : sécurité et responsabilités
L’arrimage des charges ne doit en aucun cas être improvisé. Particulier, indépendant ou professionnel du transport, il est primordial de vous informer et de vérifier l’adéquation de vos systèmes d’arrimage par rapport à votre besoin afin de voyager et transporter vos biens ou marchandises en toute sécurité.
En effet, de nombreux accidents surviennent chaque année du fait de méthodes d’arrimage non adaptées ou mal utilisées.
- Saviez-vous par exemple que l’arrimage d’une charge par frottement nécessite l’utilisation AU MINIMUM d’une paire de systèmes d’arrimage ?
- Saviez-vous que dans cette configuration (arrimage par frottement ou friction), ce n’est pas la capacité (LC) indiquée sur l’étiquette/plaquette d’identification qui compte mais la valeur de l’effort de tension normalisé (STF) ?
- Saviez-vous qu’un arrimage sans étiquette de marquage / identification doit être mise hors service ?
Nous l’espérons si vous êtes un professionnel du transport ! Si vous êtes un particulier rien n’est moins sûr. Et ce ne sont que quelques exemples.
Ce qui peut paraître simple au premier abord est en fait plus complexe qu’il n’y parait.
Dans cet article qui reste général, nous allons aborder les aspects principaux relatifs à l’arrimage : les responsabilités liées à la sécurisation des charges, la réglementation notamment en terme de fabrication, les différentes familles d’arrimage disponibles, les principales configurations de retenue de charges, les règles de base communes aux différents types d’arrimage.
Le cadre juridique : les responsabilités en cas d’incident lié à une mauvaise mise en place de ses systèmes d’arrimage
Le cadre juridique permet de distribuer les rôles de chacun dans l’arrimage des charges. Il est déterminé :
- par le code du travail et ses décrets : on y retrouve notamment l’obligation pour l’employeur de former ses chauffeurs à l’arrimage des charges (L.414-1), l’obligation via un protocole de sécurité de chargement / déchargement de communiquer au chauffeur des instructions écrites, ainsi que l’obligation de fournir au conducteur des équipements en bon état (L.4321-1).
- par le code de la route qui indique les consignes concernant le chargement
En terme de responsabilités, ce sont les utilisateurs, particuliers comme professionnels, qui sont responsables de la sécurisation de leur chargement et qui engagent ainsi leur responsabilité en cas d’incident. Pas besoin de vous dire que les conséquences peuvent être extrêmement lourdes et c’est pourquoi l’adéquation de la méthode et des moyens d’arrimage à chaque situation est nécessaire.
Pour les utilisateurs occasionnels qui ne bénéficient pas de formation, il n’est pas toujours simple de savoir où trouver des réponses à leurs interrogations.
C’est pourquoi en tant que fournisseur de solutions d’arrimage accessibles aux professionnels comme aux particuliers, nous souhaitons vous faire profiter de nos conseils, en publiant régulièrement du contenu autour des problématiques les plus récurrentes remontées par les utilisateurs, des questions les plus basiques à celles plus techniques (comment desserrer une sangle d’arrimage ? A quoi sert un tendeur inversé ? Comment bien arrimer une moto ? Comment fonctionne une sangle d’arrimage automatique ? Comment arrimer une planche de surf ou un kayak sur des barres de toit ? Comment évaluer le nombre de sangles nécessaires, … ).
N’hésitez pas à nous faire part de vos problématiques via notre formulaire de contact.
Nous vous indiquerons les principes généraux de l’arrimage, sans pour autant avoir la prétention de répondre précisément à chaque problématique car encore une fois, chaque charge à arrimer est différente et nécessite l’adaptation des protections, du matériel utilisé…
La réglementation en termes d’équipements d’amarrage
Nous allons nous intéresser ici en particulier aux normes réglementant la fabrication des systèmes d’arrimage.
En Europe, une norme européenne, la norme EN 12195 (Dispositifs d’arrimage des charges à bord des véhicules routiers – Sécurité), fournie un cadre réglementaire en indiquant aux fabricants une liste d’exigences à respecter pour avoir le droit de faire référence à cette norme sur leurs produits.
Cette norme est en procédure d’autocertification, ce qui signifie que c’est le fabricant qui indique, en apposant la référence à la norme sur les étiquettes/plaquettes de marquage des produits, se conformer à l’ensemble des exigences de la norme (EN12195-2 par exemple pour les arrimages en fibres synthétiques).
Mais attention : une norme N’EST PAS D’APPLICATION OBLIGATOIRE. Ce qui signifie que vous trouverez également sur le marché des produits s’affranchissant des règles de base pour commercialiser des produits à des tarifs imbattables au détriment de la fiabilité et de qualité du matériel. Ainsi, fuyez les arrimages ne possédant pas ce marquage de conformité à la norme, ou carrément pas de marquage du tout. Comment connaitre la capacité d’un système d’arrimage sans son étiquette d’identification ?
La conformité à la norme EN 12195 est donc en résumé une garantie pour l’utilisateur d’un certain niveau de qualité et de sécurité des produits.
Cette norme est composée de 4 parties :
1 / EN 12195-1 (janvier 2011) : Partie 1 : « calcul des forces de retenue ».
Cette première partie s’adresse aux utilisateurs et donne les méthodes de calcul pour déterminer la capacité et le nombre de systèmes d’arrimage nécessaires. Elle s’adresse avant tout aux professionnels du transport (un particulier ne va pas acheter un exemplaire de la norme qui représente un certain coût pour arrimer ses vélos ou sa moto).
2 / EN 12195-2 (mars 2001) : Partie 2 : « sangles en fibres synthétiques ».
Cette seconde partie de la norme s’adresse aux fabricants de sangles d’arrimage en fibres synthétiques et décrit les exigences en termes de fabrication, marquage et essais. Les sangles d’arrimage en fibres synthétiques suivant l’EN 12195-2 sont constituées exclusivement de l’une des 3 matières suivantes : polyamide (PA), polyester (PES) ou polypropylène (PP).
3 / EN 12195-3 : (juin 2001) : Partie 3 : « chaînes d’amarrage ».
Cette partie de la norme s’adresse aux fabricants et détermine les exigences en terme de fabrication, marquage et essais des chaînes d’arrimage à maillon courts.
4 / EN12195-4 (mai 2004) : Partie 4 : « câbles d’arrimage en acier ».
Cette dernière partie de la norme donne les exigences pour la fabrication, le marquage et les essais des câbles d’arrimage en acier.
Mais il ne suffit pas d’avoir des systèmes d’amarrage de qualité pour réaliser un arrimage sécurisé.
La résistance des points d’ancrage et du châssis des véhicules font par exemple partis des éléments importants à prendre en compte car ils doivent pouvoir résister aux forces présentes durant le transport.
C’est pourquoi il existe également des normes qui encadrent ces autres aspects et dont voici un tableau récapitulatif :
Norme | Objet |
---|---|
EN 12640 | Points d’arrimage |
EN 12642 | Résistance de la structure de la carrosserie |
ISO 1161, ISO 1496 | Conteneurs ISO |
EN 283 | Caisses mobiles |
EN 12641 (en 2 parties) | Bâches |
EUMOS 40511 | Poteaux – Colonnes |
EUMOS 40509 | Emballage de transport |
Il existe également quelques ouvrages de référence concernant les bonnes pratiques pour les utilisateurs :
- le guide de l’INRS : « Arrimage des charges sur les véhicules routiers » (Ed6145-1)
- « le Code de bonnes pratiques européen concernant l’arrimage des charges sur les véhicules routiers. » (commission européenne, direction générale de l’énergie et des transports)
Quel équipement d’amarrage pour quelle utilisation ?
Les chaînes à maillons courts, couplées à des tendeurs de chaîne à cliquet
Les plus courantes sont en grade 80 et de diamètre allant de 6mm à 22mm. On en trouve également en grade 100, qui permet de disposer d’une capacité de 25% supérieure au grade 80 pour un diamètre de chaîne et un poids identiques. Les crochets des chaines d’arrimage doivent être munis de linguet de sécurité.
Utilisation
Elles sont principalement destinées à sécuriser le transport d’engins de chantiers, de manutention, de machines, de profilés en acier et plutôt utilisées dans une configuration d’arrimage en direct (arrimage en diagonal nécessitant 2 jeux de systèmes d’arrimage).
Ces produits sont donc plutôt réservés aux professionnels du transport.
Avantages
Allongement faible sous charge. Bonne résistance à l’abrasion.
Inconvénients
Leur poids. Risque de dégradation de la charge et/ou de la chaîne si contact sans protection adaptée.
A noter qu’il existe également des chaînes à maillons longs qui sont pour leur part réservées aux professionnels du transport du bois. Elles ne doivent en aucun cas être utilisées pour d’autres applications.
Les câbles d’arrimage en acier, couplés à des tendeurs à lanterne, palans ou treuils
Leurs boucles doivent être formées par manchonnage ou épissure, et en aucun cas à l’aide de serre-câbles. Leurs diamètres les plus courants vont de 8 mm à 40 mm. Ces produits sont les moins utilisés et sont également plutôt réservés aux professionnels du transport.
Utilisation
Ils sont généralement utilisés pour le transport de grillages métalliques de type treillis soudé pour le BTP et pour le transport de bois.
Avantages
Allongement faible sous charge, capacités très élevées possibles.
Inconvénients
Leur poids qui peut être assez conséquent pour des gros diamètres de câble.
Les sangles d’arrimage en fibre synthétiques
Méthode d’arrimage la plus couramment utilisée par les particuliers et les artisans. Légères et souples, en une ou deux parties, il en existe de différentes largeurs et de différentes capacités. Elles s’adaptent ainsi à une multitude de situations, allant de l’arrimage loisir pour arrimer par exemple une planche de surf sur ses barres de toit auto), à l’arrimage poids lourds de 75 mm plutôt réservé aux transporteurs et destinés à l’arrimage de charges conséquentes.
Avantages
Légères et plutôt simples à mettre en place.
Inconvénients
Capacités moins élevées que les câbles ou les chaînes, nécessitant parfois l’utilisation d’un grand nombre de sangles pour arrimer une charge de masse élevée. Allongement sous charge pouvant aller jusqu’à 7%.
Les accessoires d’arrimage complémentaires pour sécuriser son chargement
Divers éléments complémentaires peuvent ou doivent être utilisés selon les cas :
- les systèmes de protection : cornières, coins de protection, fourreau PVC, protections polyuréthane, …. Ils sont destinés à protéger les angles fragiles de la charge, mais aussi les systèmes d’arrimage.
- les systèmes de calage (sacs gonflables, barres, cales fixées au plancher…) qui permettent d’empêcher le mouvement de la charge pendant le transport
- Des tapis antiglisse qui permettent d’augmenter le coefficient de frottement entre la charge et le sol et permettent ainsi de réduire le nombre de systèmes d’arrimages nécessaires.
- Les filets ou bâches : indispensables pour les marchandises légères présentant un risque d’envol (déchets verts, graviers, …). Ces accessoires doivent être bien entendu convenablement fixés à la benne, plateau ou remorque.
- Les rouleaux de film étirables et les cerclages en feuillard qui permettent de solidariser des colis sur une palette.
- Les barres d’arrimage intérieur, comme les barres savoyardes, qui permettent de bloquer les charges.
- Les planches de marche (contreplaqué d’une vingtaine de millimètres d’épaisseur) qui servent à stabiliser les différents étages d’un chargement comme des palettes gerbées.
- les longerons en bois (transport de lames de bois)
Les principales configurations d’arrimage/retenue possibles
L’arrimage en direct
Il nécessite que la charge à amarrer dispose de points d’ancrage adaptés tels que des anneaux.
Plusieurs configurations possibles :
L’arrimage par frottement ou couvrant
les systèmes d’arrimage recouvrent la charge afin de l’empêcher de glisser ou basculer en la plaquant au sol. Méthode souvent utilisée en l’absence de blocage aux extrémités de la charge.
L’arrimage en boucle
la charge est arrimée à un point d’ancrage suffisamment résistant de chaque côté du véhicule pour qu’elle ne puisse se déplacer sur le côté.
Deux jeux de sangles sont nécessaires dans cette configuration, et des systèmes de calage doivent être associés afin d’éviter le déplacement de la charge dans le sens longitudinal.
L’arrimage par cerclage
Il consiste à former à partie de plusieurs colis un bloc de charge unique. Il doit être associé à une autre méthode de retenue de charge.
Le blocage
La charge est bloquée par des éléments suffisamment résistants de la structure du véhicule (hayon, ridelles parois latérales, colonnes, …). L’espace vide entre le chargement et ces éléments est comblé à l’aide d’un matériel de remplissage (sacs gonflables, palettes, croissillons, …) pour générer des forces de compression garantissant un blocage efficace de la charge. Le blocage peut également être effectué à l’aide de cales et de lames en bois fixées à la plateforme de chargement.
Le verrouillage
Il est réservé au transport de conteneurs ou de caisses mobiles qui sont amarrés par le biais de verrous rotatifs situés sur la structure du porte charge.
Il est recommandé de combiner ces différentes méthodes.
Les règles de base communes pour un amarrage serein
Quel que soit le type de matériel utilisé, il existe des règles et principes fondamentaux afin de réaliser un arrimage sécurisé. Il convient de respecter les points suivants :
- Disposer de charges / colis transportables et connaître leur poids ainsi que leur centre de gravité.
- disposer d’un véhicule en bon état avec une structure et une carrosserie adaptées à la charge à sécuriser, et avec un plancher de chargement propre.
- disposer de systèmes d’arrimage adaptés, en bon état (effectuer un examen visuel avant et après utilisation), et en quantité suffisantes (à déterminer selon la norme EN12195-1, ou à l’aide des abaques existants).
- Disposer d’un protocole de sécurité écrit dans le cadre d’un transport réalisé par un professionnel
- Evaluer la nécessité de mettre ou non en place des protections sur les angles vifs ou arêtes de la charge ou du véhicule.
- Anticiper et planifier la fixation et le retrait des systèmes d’arrimage avant le transport.
- Ne jamais utiliser de barre ou de levier pour actionner le cliquet ou tendeur. Toujours respecter la force d’action manuelle (SHF) indiquée sur l’étiquette ou la plaquette de marquage du système d’arrimage (50daN en général pour les sangles textiles).
- N’utiliser que des systèmes d’arrimage dont les étiquettes de marquage sont lisibles.
- Ne jamais faire de noeuds, dans les moyens d’arrimage
- Toujours vérifier l’effort de tension périodiquement, notamment après avoir roulé quelques kilomètres, et après un freinage d’urgence ou une portion de route non bitumée.
- Toujours utiliser AU MINIMUM deux systèmes d’arrimage pour l’arrimage par frottement ou friction, et deux jeux de systèmes d’arrimage pour l’arrimage en direct.
- Arrimer de manière à ce que la charge ne puisse se déplacer, basculer ou tomber pendant le transport, en prenant en compte toutes les éventualités : freinages d’urgence, évitements avec braquage important, portions de route dégradées ou non goudronnées qui amplifient les secousses et vibrations, conditions climatiques.
- Conduire en douceur et à vitesse adaptée, anticiper afin d’éviter d’avoir à freiner brusquement ou à changer brusquement de direction.